Biscuit de sagesse: relations humaines selon Goethe.

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Traitez les gens comme s’ils étaient ce qu’ils devraient être, vous les aiderez à devenir ce qu’ils peuvent être

Johann Wolfgang von Goethe alias Goethe pour les intimes. Voici un conseil qui ne vient pas d’un biscuit chinois mais d’un Bretzel de sagesse. La phrase est un peu alambiquée mais elle mérite d’être lue de plus près, car elle concerne une grande partie des relations humaines et parce qu’elle s’applique aussi assez bien à l’éducation et au management de façon à la fois ambitieuse et réaliste. Elle a, bien sûr, été déjà bien utilisée à tout va dans différents textes sur différents sujets mais voyons tout de même ce que l’on peut en retirer.

« Traitez les hommes comme s’ils étaient ce qu’ils devaient être » commence Goethe. Quand sommes nous donc en situations de « traiter les hommes » ? Cela s’adresse-t-il uniquement aux responsables hiérarchiques , au Prince et autres hommes de commandement ? Assurément non, on « traite les hommes » à tout moment et en différentes circonstances qu’il s’agisse de nos collègues, de notre famille, de nos managers, de nos amis. On les traite avec considération, avec respect, avec admiration, avec dédain, avec affection, etc… Le conseil de notre ami allemand s’appliquera donc à une multitude de relations différentes: professionnelles et extra-professionnelles.

« Traitez les hommes comme s’ils étaient ce qu’ils devaient être » commence donc Goethe. Cette entame suppose que l’on ait une idée de ce que l’autre devrait être. Là, deux choix possibles: soit l’on pense à ce que l’autre devrait être au vu de sa situation particulière, soit on a dans l’esprit plus ou moins un idéal de l’Homme avec ces qualités et potentiels, on estime que chacun en est porteur et que c’est ainsi que chacun devrait être si l’on pouvait faire abstraction des conditions particulières propre à l’individu. C’est cette deuxième voie qui me parait la bonne. Considéré en chacun tout le potentiel sans a priori. Si l’on choisissait de se limiter à la première option on pourrait facilement dire d’un futur prix Nobel de chimie qu’avec ces origines modeste il ne sera jamais un scientifique de renom, le genre de suppositions ce que l’Histoire a déjà maintes fois mise à mal. Et puis l’on n’aiderait les gens à devenir seulement ce que l’on pense qu’il peuvent devenir et non pas ce qu’ils peuvent réellement être.

Car c’est bien là toute l’idée contenu dans cette citation « vous les aiderez à devenir ce qu’ils peuvent être »: permettre au potentiel de l’autre de se réaliser au maximum. Au passage la citation de Goethe sous-entend qu’exprimer le potentiel des gens est souhaitable et est donc plutôt optimiste sur l’Homme. Bizarrement cette citation laisse aussi planer un doute: ce que les hommes devraient être serait potentiellement différent de ce que les hommes peuvent être. Que tout le potentiel n’est pas réalisable. Et cela peut se comprendre, car si l’on a bâti ce qu’un homme pouvait être indépendamment de son histoire et de son environnement on imagine bien que ces deux éléments viennent brouiller les cartes dans la réalité de ce qu’un homme peut être (ne serait-ce que parce le temps ne lui est pas infini). Il me parait important de souligner aussi que le tout ne se fera pas non plus du jour au lendemain. Le simple usage du verbe « devenir » dans la citation rappel que l’ensemble prend du temps et que ce n’est pas parce qu’un homme devrait être capable de pleins de choses que l’on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’ils les réalisent toutes dans la minute. Même si parfois certains expriment leur potentiel tout d’un coup, à tel point qu’ils donnent l’impression d’éclore, et que l’on se retrouve quasiment face à une nouvelle personne. Mais finalement c’est bien là tout le propos de Goethe, ne jamais sous-estimer le potentiel de ceux avec qu’il l’on traite, ni leur capacité à l’exprimer.

Pour conclure ce n’est pas en traitant l’autre comme l’on souhaiterait qu’il soit qu’on lui permettra d’exprimer le meilleur de lui-même. C’est en s’attendant à avoir à faire à quelqu’un de capable que l’autre montrera ces capacités. Cela veut-il dire être exigeant avec l’autre ? Oui surement mais sans non plus nier la réalité et les conditions particulières qui entourent chacun. Exigeant oui mais à un rythme approprié et avec suffisamment d’empathie pour éviter aussi bien l’agression que l’excès d’indulgence. Plus qu’exigeant, il faut rester en permanence ambitieux et optimiste (je n’ai pas dit irréaliste) dans ces attentes vis à vis des autres. Y réussir n’est pas facile, j’aimerai que disserter suffise mais il va falloir de la pratique.

P.S. Si vous avez du mal a me suivre ce n’est pas grave, reprenez la citation qui se suffit bien à elle même après tout et faites vous votre propre avis.

4 réponses à “Biscuit de sagesse: relations humaines selon Goethe.”

  1. VdB

    Si on considère que l’Homme devrait être sage et réfléchi,
    dans cet état là personne ne lui donnerait de conseil ou lui
    ferait la leçon en lui demandant d’être gentil et plein d’empathie.
    Donc je pense que dès aujourd’hui on peut arrêter de parler
    philo, morale et empathie, car c’est traiter les hommes comme
    s’ils étaient ce qu’ils devraient être. En ne disant rien, tu m’aideras
    donc à devenir ce que je peux être, et à réaliser le potentiel que
    j’ai en moi de sagesse, de réflexion et d’empathie.
    Mince, Goethe t’invite à arrêter la philo de biscuit ???
    J’ai du louper une étape 😉

  2. Pierre

    Syllogisme boiteux. Suivant !

    Sinon ça va ? qu’est-ce que tu deveins ?

  3. VdB

    Ca va bien !

    Je deviens « Mineur ».
    Je pars faire de l’Ingénierie Environnementale aux Mines de Paris puis à Tsinghua (Pékin)
    Du coup je cherche un partenaire industriel pour me faire plaisir à partir du printemps 2009 !

    Ton VIE est tellement long on sait plus bien si tu vas revenir un jour 😉
    Tu comptes rester là où tu es ? (avec ton parachute, ta chère et tendre, les chevaux et les
    températures estivales ???) mince, je m’aperçois que je donne pas les bons arguments pour
    que tu quittes les US 🙂

  4. Max

    Pour compléter tes billets de sagesse (ouais, j’aime bien pourrir les vieux articles qui n’ont rien à voir) : http://failblog.org/2008/12/09/fortune-fail-2/

    A +


    Moi

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