Ca faisait longtemps que je voulais vous faire part de mes reflexions, qui valent ce qu’elles valent, sur le prix de la musique et son mode de distribution. Un article du Newsweek de cette semaine va considérablement m’aider à structurer mon propos sur ce sujet qui est (re)passé sous les projecteurs grâce au groupe Radiohead. Celui-ci a en effet récemment proposé son dernier album au téléchargement sur son site à un prix que l’acheteur fixait librement. Resultat: 30% l’on acquit gratuitement, une majorité entre $5 et $15 , et l’on estime à un demi million les téléchargement pirates qui ont suivis. Voilà donc la réponse des amateurs de musique à la question: « Combien vaut un morceau de musique numerique ? » Rien ou presque.
Et ils n’ont sans doute pas tort. En effet le coût marginal (coût de production d’une unité supplémentaire) est nul ou infinitesimal. Les coûts étant essentiellement fixes: les artistes, les coûts d’enregistrement et de mixage incluant matériel et techniciens du son, ainsi que les coûts de promotion. Comment justifier alors qu’un morceau de musique au format numerique soit vendu 99 cents (d’Euro ou de Dollar peu ou proue la même chose) et qu’un album se vende plus de $15 àCela devient encore plus injustifiable, même aux yeux du distributeur de musique, lorsque l’on sait que l’experience menée par le site internet Rhapsody a montré qu’en divisant le prix par 2 les ventes avait été multipliées par 6. Tous calculs faits, et pas besoin d’une license en math, le vendeur augmente substanciellement ses bénéfices.
Au passage n’ayant plus besoin d’une entreprise assurant les coûts importants de production d’un support physique (Vinyl ou CD), les coûts d’enregistrement étant abordable et les coûts de promotion fortement réduit grâce à Internet, les artistes envisagent de moins en moins de signer des contrats avec des maisons de disques et se tournent vers d’autres types de « promoteur ». Madonna elle-même vient de signer avec LiveNation: un énorme organisateur de concert (qui gère aussi des radios notamment à Houston). La scène risque bien de redevenir le lieux de promotion privilégié des artistes. Paul McCartney a lui choisit Starbucks.
Enfin la distribution de morceaux de musique numérique de bonne qualité n’étant pas non plus 100% gratuite, les distributeurs essayent de mieux valoriser leur produit aux yeux (et aux oreilles) des mélomanes. Cela passe à mon avis par le fait de vendre, comme le fait Apple via son logiciel ITunes, non seulement la musique elle même mais aussi et surtout toute la méta-information qui l’accompagne: titre des pistes et nom de l’artistes bien entendu mais aussi visuel (pochette par exemple) associé, année de création, et pourquoi pas plus d’information et d’anecdotes sur l’album ou le groupe. Les services permettant de se procurer la musique qui passe dans le lieux où l’on se trouve, comme le propose Apple et Starbucks (tiens encore Starbucks et encore Apple, des acteurs non historiques de la musique), sont aussi une façon d’ajouter de la valeur au fichier numérique via ses méta-données.
Nous sommes dans une période de changement rapide de l’industrie musicale qui va peut-être redevenir de moins en moins « industrie » et de plus en plus « musicale ».
L’article de Newsweek en question.
5 réponses à “Combien vaut la musique ?”
Nicoco
Article très intéressant, il est vrai.
Neyric
Et ce n’est que le début ! Les mêmes problématiques sont déjà présentes pour le cinéma, les livres, les logiciels, etc…
L’omninumérisation n’a pas fini de chambouler bon nombre d’industries…
Alex
et moi qui fait livrer des vinyls chez Pierre …
Alex
et en complément de l’article : http://www.clubic.com/actualite-84966-radiohead-chiffres-album-internet.html
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