Premier triathlon de l’année, première participation à la Pyrénéa après une tentative contrariée par l’annulation de l’édition 2018, premier « triathlon des neiges », cela fait beaucoup de premières sur une seule épreuve. Les impressions étant plus forte lors des premières fois, elles me donnent envie de les partager ici.
Autour de la course
Si je devais retenir une image de cette course, c’est celle d’une très belle organisation avec une très sympathique et efficace équipe de bénévoles. Ils forcent d’autant plus le respect que les conditions météorologiques les ont contraint à annuler les deux éditions précédentes. Malgré cette interruption de deux ans qui aurait été fatale à plus d’une manifestation, ils gardent non seulement le cap mais ils continuent encore à améliorer divers aspects comme les accès au retrait des dossards ou les parcours course à pieds et ski. Leur gestion de l’annulation en 2018 avait été faite avec sang froid et un gros travail de remboursement, ce qui ne les avaient pas prémunis contre l’aigreur de certains inscrits. Tirons leur notre chapeau pour réussir à garder des bénévoles mobilisés dans ce contexte.
Ce qui caractérise également l’organisation de la Pyrénéa c’est son nombre limité de participants: pas plus de 250 individuels et moins de 100 équipages relai. Autant dire qu’il faut s’inscrire vite. Cette limitation se comprend bien compte tenu des caractéristiques de la course: départ en centre ville, parcs vélo/ski séparés et donc transport du matériel des concurrents par l’organisateur, arrivée en montagne sur une station en activité. Cette contrainte a pour effet d’assurer une parfaite adéquation entre la logistique et le nombre de concurrents.
Enfin pour les coureurs, il s’agit d’être soit même bien organisé puisque le retrait des dossards et la dépose du matériel se fait à un endroit, le départ à un autre et l’arrivée dans un troisième lieu en station à Gourette. Il faut donc soit avoir de bons accompagnateurs pour redescendre de Gourette, soit compter sur la solidarité entre concurrent qui heureusement est au rendez-vous et contribue à signer l’excellente ambiance de la Pyrénéa.
Départ en course à pied: de Pau, son casino et son château, jusqu’à Rebenacq
Une fois le dossard retiré et vélo et skis déposés à Rebenacq (les skis monteront eux à Gourette par le truchement des organisateurs pour rejoindre le parc à ski), des navettes nous emmènent au centre de Pau pour prendre le départ à 9h sur le parvis du Casino. En ce 25 Mars 2019, le soleil est radieux, les températures entre 7 et 15°C, idéales pour courir et déjà le paysage est magnifique avec un regard qui part du cœur historique de la ville, survole le piémont pyrénéen et s’accroche en ligne de mire sur les sommets enneigés. Après un rapide briefing de course inaudible, nous nous élançons autour du château puis en direction de Jurançon et Gan en courant via des boulevards qui nous sont réservés pour quelques minutes. Une heureuse nouveauté nous permet de réaliser une bonne partie du parcours pédestre sur une nouvelle voie verte entre Jurançon et Gan. Je pars à une allure que je sais pouvoir tenir malgré mon entrainement faible (je n’ai pas couru plus de 13km depuis le début d’année) et j’essaie même à l’aide de mon cardiofréquencemètre de me maintenir à un régime le plus aérobie possible pour ne pas compromettre les autres disciplines, j’ai été bien averti à ce sujet. Le plaisir est franchement au rendez-vous sur cette section où le parcours sans être parfaitement plat reste assez « roulant », je vais surement encore un peu trop vite compte tenu de mon niveau d’entrainement mais tant pis. Je prends garde à ne pas me faire aspirer par les premiers relayeurs partis après nous et qui nous doublent à bon train et j’arrive sans être dans le rouge à Rebenacq pour prendre le vélo en prenant mon temps pour la transition puisque je vais jusqu’à retirer les manches de ma veste vélo afin de m’adapter aux températures qui sont plus clémentes que ce que j’imaginais.
Vélo Rébénacq – Gourette: rien ne va plus
Monter sur le vélo c’est ok même si cette transition course à pied vélo est nouvelle pour moi, mais quand arrive la première bosse, et je ne parle pas de la montée mais bien juste d’une petite bosse, après à peine quelques kilomètres tout se complique. Des crampes me saisissent aux mollets et quadriceps. Cramper sur le vélo je ne connaissais pas et c’est très handicapant. Je mets pied à terre et m’étire 1 minute en m’aidant du vélo. Je repars très prudemment en ajustant ma manière de pédaler, pas trop souple pour éviter les contractions rapides, pas trop dur pour ne pas tétaniser. Jusque Laruns la route ne présente pas de difficulté et j’y vais tranquille. Évidemment après Laruns la montée commencent et ne s’arrêtera plus jusque Gourette. Je monte à mon rythme de cycliste pas du tout entrainé sans trop d’encombre jusqu’à Eaux-Bonnes dont je maudis la place giratoire qui oblige à un raidillon inutile. C’est ensuite que les choses prennent une tournure nettement moins sympathique. Une grosse défaillance type hypoglycémie (sous entrainement combiné à une très mauvaise gestion d’alimentation de ma part) me met K.O. et s’accompagne du retour des crampes aux jambes mais aussi de crampes abdominales et de nausée. Je mets plusieurs fois pied à terre en marchant à côté du vélo pour ne pas être complètement à l’arrêt. Les concurrents qui me passent s’inquiètent pour moi. Je sais déjà que l’enjeu de la journée ne sera pas de faire un temps dans mes moyens mais bien simplement d’arriver au bout. Dès que cela me semble de nouveau envisageable je remonte sur le vélo. J’arrive au ralenti (plus lent le vélo tombe) à Gourette. Je suis incapable de parcourir l’entrée du parc à vélo d’une seule traite et les bénévoles font signe au médecin de venir me voir. Pourtant pas question de ne pas repartir à ski. Je prends le temps qu’il faut au parc en profitant du ravitaillement pour me refaire une santé. Santé n’étant peut être pas le terme indiqué quand on se soigne au coca-banane mais bon. Après 10 minutes de pause complète, je mets laborieusement mes chaussures de ski et je chausse pour attaquer la dernière discipline.
Ski alpinisme: oui il y a plus dur que le vélo en fait
Vous avez beau être prévenu à l’avance par ceux qui ont déjà couru la Pyrénéa, et bien cela ne change rien au fait que vos quadriceps crampent dès le début du ski et que ça fait très mal à chaque pas. Je me suis objectivement demandé si je n’allais pas resté planté au milieu de la montée avec les jambes raides comme des bouts de bois. Comme il semble que l’on se fait à tout, mes jambes acceptent de repartir. Parmi les concurrents que je côtoie à ce moment là nous sommes une majorité à partager les mêmes sensations. Nous avançons au pas, et encore un pas lent et laborieux. Chacun fait des pauses fréquentes, se retourne pour voir le trajet accompli, les poursuivants (des poursuivants en mode zombie ambiance Walking Dead) et nous desésperons en regardant les murs qui se dressent encore devant nous pour monter jusqu’au Cinto. Sur notre gauche nous voyons ceux qui redescendent déjà et qui semblent bien raides sur leurs skis. Je ne vous cache pas qu’une fois en haut, pour faire la bascule dans la descente j’ai enlevé très tranquillement mes peaux des skis. Bien sûr l’attaque de la descente a été très grisante, j’aime bien skier et un peu de vitesse après avoir été tortue cela fait plaisir. Mais, car il y a un mais, même en descente les cuisses travaillent et j’ai rapidement été contraint de descendre tout doux dans la neige transformée au soleil. J’ai mieux compris la raideur et le style dégradé de ceux que j’avais vu descendre auparavant. Sur le tapis je déchausse et là ultime outrage il faut encore parcourir 50 mètres sur le parvis chaussures de ski aux pieds pour franchir l’arche d’arrivée. Je retrouve enfin le sourire, je suis juste heureux d’être arrivé au bout.
A froid après un retour sans encombre à Rebenacq puis à la maison, je me dis que j’aimerai vraiment refaire cette épreuve avec une préparation beaucoup plus honnête. Je me suis pointé en dilettante sur un effort qui s’apparente par sa durée et difficulté à un half-ironman en ayant une préparation qui aurait à peine suffit pour un S ou un M, cela ne pouvait donc pas bien se passer. Je reste malgré tout content de la course à pied et heureux d’avoir pu tester cette épreuve en allant au bout. C’était plutôt agréable de se retrouver face à de la nouveauté et de l’inconnu sportivement. A refaire et à conseiller.