Raid Pyrénéen Hendaye Cerbère version Touriste en 7 jours du 5 au 13 Juillet 2024

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Une inspiration un peu soudaine et imprévue m’a pris ce mois d’avril en voyant s’ouvrir une fenêtre d’une semaine début juillet. J’avais vu passer ces dernières années quelques articles web et magazine « évasion vélo » de gare proposant la traversée des Pyrénées de l’océan à la mer en passant par les cols mythiques de cette chaîne montagneuse. L’air de rien j’y pensais, cela semblait sympa à faire sur une dizaine de jours. Cette semaine libre de juillet semblait le bon moment pour mettre cette idée en musique puisqu’en creusant un peu il semblait bien que l’affaire pouvait même être menée sur moins de temps que les dix jours initialement envisagés.

Préparation

Le parcours

Ma toute première tâche fut de sélectionner un parcours et un mode de voyage. Pour le parcours c’est celui proposé par le Cyclo Club Béarnais qui m’a rapidement semblé convenir. D’une part il était souvent cité comme faisant référence, et d’autre part il propose une sorte d’officialisation de la performance en la validant si elle est réalisée dans un temps donné. Ne restait plus alors qu’à choisir entre:

  • la version dite RANDONNEUR : 720 km – 18 cols, 11 000 m de dénivellation,à réaliser en 100 heures maxi.
  • et la version TOURISTE : 800 km – 28 cols, 18 000 m de dénivellation, à réaliser en 10 jours maxi.

Comme je ne prévoyais pas d’y retourner tous les quatre matins et que j’avais plus de 100 heures à y consacrer j’optais donc pour la version la plus longue. Cette distance choisie, il s’agit ensuite de savoir selon quel mode la réaliser: en voyage organisé, en autonomie complète (tente et bivouac) ou en semi-autonomie (sacoches et nuit en hôtel). Des voyages organisés pour faire la routes des cols à vélo il y en a plein, mais pas un seul sur le parcours que je souhaitais faire la semaine en question. Au final cela m’allait bien car je craignais que suivre un groupe de cyclistes chevronnés ne me mettent la pression et je préférais me frotter à ce défi à mon rythme, ce qui explique aussi en partie mon envie de le faire en solo (l’autre partie c’est par désir d’introspection). Pour l’autonomie complète je ne me sentais clairement pas prêt et l’expérience me le confirmera. Ce sera donc avec toutes mes petites affaires sur mon vélo et des nuitées en dur que j’effectuerai la traversée.

Le parcours complet est donné par l’organisation du Cyclo Club Béarnais à l’inscription modeste de 10 euros qui comprend le livret de route avec le parcours et la validation. Il est certes possible d’opter en plus pour le maillot au couleur et la médaille mais pour réduire l’empreinte carbone et l’encombrement des placards je fais l’impasse. Pour le découpage du parcours en étape je m’inspire, ou plutôt je copie celui de ce très détaillé carnet de voyage par Guy et Patrick. C’était une super lecture pour appréhender la parcours et la préparation même si l’expérience est très différente d’un cycliste à l’autre et d’une météo à l’autre. Je serai moins détaillé qu’eux dans mon récit et je vous invite à lire leur carnet si vous souhaitez vous lancer vous aussi. En mai je fais donc mes réservations pour les billets de trains et les chambres d’hôte et d’hôtel afin de ne pas prendre le risque de coucher dehors tout en priant pour tenir mon tempo. Enfin 48h avant le départ je prépare également mes étapes sur l’interface Garmin pour les avoir sur ma montre.

Raid Pyrénéen 2024 trajet
Raid Pyrénéen 2024 trajet

L’équipement

Pour le bagage, je n’avais aucune expérience et je souhaitais viser le minimalisme pour ne pas être trop lourd dans les ascensions. Le meilleur moyen d’être bien conseillé c’est de s’adresser à des expérimentés du sujet et j’ai la chance d’avoir parmi mes compagnons du club de triathlon Xavier qui est multi finisher de la Race Across France. Adorable il m’a non seulement conseillé mais même carrément prêté son matériel haut de gamme: sacoche de selle, sacoche de dessus de cadre et porte bidons arrières pour bien maintenir la sacoche de selle et emporter l’outillage et un bidon en plus. Pour avoir ensuite croisé d’autres cyclistes bien équipés je reconnais avoir bénéficié du meilleur matériel possible. Je n’ai pas du tout pesé mon matériel avant de partir. Si je liste ce qu’il y avait dans mes bagages: un short, un t-shirt et une chemisette ultra légère de rando, quelques sous-vêtements (honnêtement non pas 7 il y a eu des lessives à la main), une paire d’espadrilles, brosse à dent pliable , mini-dentifrice, pastilles d’électrolytes, quelques barres énergétiques pour une à deux journées, le portefeuille, le téléphone et les câbles pour tout charger (tel, montre gps, lumières), crème anti frottement, un petit opinel, les billets de train et les reçus d’hôtel et basta. Sur le vélo lui même il y avait : lumières avant et arrière, 3 bidons, trousse outils et chambres à air habituelle, la pompe habituelle. Et enfin pour habiller le cycliste un bon cuissard court (encore recommandation de Xavier), mon maillot manche courte, ma veste thermique (souvent attachée sur la sacoche en montée et sur moi en descente si ombre ou frais) et mon coupe-vent déperlant (souvent dans la sacoche). A mon retour je pèserai le tout et j’estime que par rapport à une sortie vélo classique à la journée ma surcharge ne fut que de 3,5kg.

Mon vélo lui aura le droit à une révision en atelier chez Cycle’In Bordeaux quelques semaines avant le départ. Comme la chaine et la cassette sont à changer j’opte pour une 11-34 sachant que j’ai 36-53 devant. J’ai apprécié ces indispensables dents en extra. En revanche ce montage interdit vraiment physiquement de croiser la chaîne (j’ai manqué de me faire avoir en descendant du Tourmalet)

Le cycliste

Bon, un parcours et de l’équipement c’est bien mais il faudrait aussi préparer le cycliste. Je n’avais pas beaucoup, et c’est un euphémisme, roulé cette hiver (un peu de home-trainer). De bonnes sensations sur les premières sorties de Mars (moins de 200km sur le mois) ont surement contribué à mon emballement et à la préparation de cette aventure mais il m’a fallut être plus régulier ensuite même si je suis rester malgré tout vraiment trop léger en volume. 200km en avril, 400km en mai et 500 km en juin seront tout ce que j’aurais fait pour espérer arriver au bout de mes 800km de montagnes en juillet. Et déjà, malgré ce petit volume, une douleur à l’effort au genou gauche est venue me mettre le doute fin juin. Bien sûr il aurait fallu aussi que l’entrainement devienne spécifique avec quelques cols de montagnes isolés au moins et des distances similaires à mes futures étapes mais pas le temps. Heureusement il y avait les sorties vélo club et les sorties bosses avec les camarades Rémi et Arnaud.

Statistiques distances vélo février à juillet 2024
Distances mensuelles vélo février à juillet 2024

Et voilà la date du départ qui approche, avec son mélange d’envie et d’appréhension. Il faut y aller.

05/07 Prologue: Trajet aller Bordeaux-Hendaye

Départ de la maison à Léognan le vendredi après midi pour rejoindre la gare et prendre le TER NA L51 Bordeaux – Hendaye de 17h20 pour une arrivée à 20 heures. Il fait beau, c’est seulement ma deuxième sortie avec le vélo équipé des bagages et tout semble bien aller. L’accès gare et quai se fait sans trop de difficulté. Le TER est en revanche plein du départ et deviendra bondé dès les premières gares. Pas de place pour le vélo et je voyage debout à moitié appuyé sur un poteau. Comme il n’y avait plus hôtel disponible à côté de la gare quand j’ai réservé je dine et passe la nuit au Campanile Hendaye ce qui me rallongera un peu pour rejoindre le départ mais c’est une paille sur le trajet total.

06/07 Etape 1 Hendaye – Issor 168km D+2959m

Après un petit déjeuner copieux me voilà sur mon vélo un peu avant 8 heures avec pour première mission de rallier le départ officiel du parcours sur la plage d’Hendaye. L’étape du jour est la plus longue je pars donc au plus tôt sous une légère grisaille. Le début de la route de la corniche jusqu’à Espelette je le connais plus ou moins pour être venu rouler plusieurs fois. Une petite averse me cueille autour d’Ainhoa mais pas méchante. Je découvre ensuite une belle route jusque vers Saint-Jean Pied de Port. Je fais une pause avant la première difficulté à Lecumberry au bar-casse-croute Larrañeta où je déjeune assis sous un chapelet de saucisses.

Un peu après c’est l’horreur, le premier vrai col arrive avec déjà 100km dans les pattes et les premiers virages avec un fort pourcentage et après un déjeuner trop copieux m’arrêtent si net que je me demande ce que je fais là et si je n’ai pas visé trop haut avec mon histoire de traversée. Je me donne 10 minutes de pause et je repars à un petit rythme, la météo se dégrade un peu et le froid s’installe dans l’ascension. Quand j’arrive enfin en haut je suis vanné et je profite de la belle salle hors sac pour ne pas me refroidir et prendre un café. Je discute quelques minutes avec des randonneurs du GR10 puis je repars équipé de toutes mes vestes pour prendre la descente sous la pluie. Première descente de col, déjà que je ne suis pas à l’aise mais là avec brouillard, pluie et vaches je suis carrément sur les freins dont au passage je regrette qu’ils ne soient pas à disque. Une fois à Larrau je vérifie l’heure et me rend compte de plusieurs choses: ma montre GPS est en mode batterie faible, j’ai froid de ma descente et je vais être plus tard que prévu dans ma chambre d’hôte le soir. Je fais donc une halte à l’hôtel du coin pour prendre un thé chaud, charger rapidement ma montre et envoyer un message à mes hôtes pour leur indiquer mon heure d’arrivée, 20h30. Eux, charmants, me répondent de ne pas m’inquiéter et que mon repas m’attendra au chaud. Je repars avec un peu plus d’énergie qui s’épuise tout de même rapidement pour rallier mon étape du jour à Issor. Suprême épreuve, la bâtisse de mon gîte se trouve en haut d’un raidillon à l’écart du village.

Le repas demi-pension et la nuit aux 3 Baudets à Issor ont été excellents. Evelyne et Bruno sont vraiment de supers hôtes. Le vélo était bien à l’abri, la chambre confortable, le diner exquis et suffisamment copieux. Idem le lendemain pour le petit déjeuner.

07/07 Etape 2 Issor – Luz-Saint-Sauveur 107km D+2930m

Pour cette deuxième étape la météo est meilleure dès le matin. Départ 8h40 et après quelques kilomètres d’approche j’aborde le col de Marie-Blanque, il n’est pas facile mais je m’en sors tellement mieux que la veille que la confiance revient. Après la descente je me fais un gouter du matin pour attaquer le duo Aubisque-Soulor bien resucré. L’ascension de l’Aubisque se fait lentement, pas facilement mais se passe plutôt plaisamment. Je fais ma pause déjeuner – plus légère – au sommet à La Table de l’Aubisque sur conseil de cyclistes locaux car au Soulor c’est moins bien. Ils m’apprennent aussi et j’en suis content que le Soulor enchainé depuis l’Aubisque ne demande en fait que 3 km de légère ascension en plus. Un peu avant le Soulor je passe également la frontière des Pyrénées Atlantiques (64) aux Hautes Pyrénées (65)

Je pensais être un peu au repos après le Soulor mais en bonus se cache sur le parcours le petit col des Bordères qui est tout simple pourtant mais fait mal en fin de parcours. D’autant que la vraie fin du parcours c’est la route de Luz qui n’est pas vilaine en soit mais qui a un fort trafic de voitures et donc pas hyper cool à vélo.

Mon étape du soir à Luz se fait à l’Hôtel Tourmalet en mode demi pension. J’y arrive bien plus tôt que la veille vers 17h20 ce qui laisse une meilleure récupération. L’hôtel est bien, diner et petit déjeuner corrects et surtout leur local à vélo est grand luxe avec des boxes sécurisés à code et atelier de mécanique à disposition.

08/07 Etape 3 Luz-Saint-Sauveur – Bagnères-de-Luchon 97km D+2936m

Cette troisième journée de vélo s’ouvre en côte sans échauffement avec un départ tranquille à 8h45 sur le fameux Tourmalet. Heureusement celui-ci commence par de faibles pourcentages. Globalement cette ascension se passe bien, c’est le col où je verrai le plus d’autres cyclistes sans que ce soit pour autant l’embouteillage. Les camping-cars s’installent déjà en prévision du Tour de France avec barnum et tireuse à bière pour les plus équipés. Je m’octroie une pause Coca de quelques minutes au Bastan en bas des télésièges de Super Barèges avant de franchir les derniers virages. En haut y a des photographes qui vous attendent dans l’ultime épingle à cheveux pour vendre de l’image et surtout un bar où boire un jus d’orange et manger une chocolatine. La météo était top et j’ai vraiment profité de ma montée.

Je redescends sur Sainte Marie de Campan où j’ai bien failli vriller ma chaine suite à une fausse manipulation. Du coup pour me laver les mains pleines de noir je m’arrête prendre un café sur la place près de la statue d’Eugène Christophe qui en 1913 y reforgea sa fourche lors du Tour de France (histoire à lire ici). Puis direction le col d’Aspin qui se passe sans trop de soucis malgré la chaleur sur du bitume tout neuf et bien foncé. Je repique immédiatement dans la descente pour m’arrêter déjeuner sur un belle place à Arreau à la boulangerie salon de thé les Galeries Auroises.

Pour finir la journée direction la vallée du Louron pour monter le col de Peyragude, pas compliqué mais le dernier col de fin de journée est toujours une épreuve. Au passage je change de nouveau de département pour basculer en Haute-Garonne (31). J’arrive à destination à Bagnères de Luchon vers 17h45 à l’Hôtel Céleste au fonctionnement très familiale il me semble, accueil sympathique. Un petit tour en ville après la douche pour dégourdir les jambes et faire la recharge en barres énergétiques, puis je rejoins la salle de restaurant pour le diner demi-pension. Je ne sais pas si c’est le caractère thermale de la ville mais j’ai fait chuter la moyenne d’age de la salle en entrant.

09/07 Etape 4 Bagnères-de-Luchon – Oust 113km D+2891m

Au départ de Bagnères vers 8h15 c’est comme la veille, pas d’échauffement avant le premier col, celui du Portillon s’offre directement. En bon col de début de journée je le monte plutôt sans souffrir. Descente en Espagne dans le Val d’Aran et un peu plus bas dans la vallée le long d’une jeune Garonne pour arriver au départ du col de Menté.

Ce col de Menté m’aura fait souffrir et globalement je n’aurai pas beaucoup de jus sur cette journée, je fais une pause de plusieurs minutes au milieu. En haut je m’offre un Coca et un remplissage de bidons au gite-auberge La Soulan qui à l’air d’un chouette endroit.

La suite après la descente c’est le col du Portet d’Aspet, pas trop dur et monté d’une traite. C’est le passage en Ariège (09). En haut de ce col sous un chaud soleil je déjeune d’une tarte aux légumes et dessert dans un mini café nommé l’Imaginherbe.

De nouveau descente et un peu de plat pour arriver au Col de la Core et sa montée longue mais régulière, mais… longue. Je me traine en fin de descente pour rejoindre mon hôtel du soir à Oust à l’Hostellerie de la Poste un peu avant 19h, longue journée. Les vélos y ont droit carrément à tout le rez-de-chaussée de la maison d’en face. Chambres vieillottes mais supers extérieurs et bon dîner demi-pension.

10/07 Etape 5 Oust – Ax-les-Thermes 123km D+2970m

Le lendemain dur de repartir et je ne reprends la route qu’à 9h pourtant l’étape est longue aussi. Cette fois il y a une petite quinzaine de kilomètres d’échauffement en faux plat montant avant la courte montée du col de Latrape.

Ensuite se présente la première difficulté du jour sous la forme du double col d’Agnès et du Port de Lhers. En venant comme moi par Aulus-les-bains c’est surtout le col d’Agnès qui est difficile puisqu’ensuite on reprend le Port de Lhers au dernier tiers seulement et sur une partie facile. Avant d’entamer justement cette deuxième ascension, je m’arrête entre les deux cols pour une pause glace et remplissage en eau des bidons au restaurant de l’étang de Lhers avec sa jolie vue sur l’étang et les montagnes. Pas encore l’heure de déjeuner donc je poursuis.

Pour le déjeuner ce sera seulement après toute une longue descente en bas de vallée jusque Tarascon-sur-Ariège. Une bonne pizza chez Peppo en bord de l’Ariège (plus beaucoup de restaurants ouverts à 14h30). Je repars sous un beau soleil et une forte chaleur par la route des Corniches qui sur le papier ne semblait pas difficile mais est en fait tout en montée avec quelques beaux « coup de cul » et autres raidillons. Et quand je me crois tiré d’affaire arrive le col de la Chioula pour finir en beauté la journée. J’appelle mon hôtel du soir pour les rassurer sur mon arrivée car il est déjà 19h avant de descendre sur Ax-les-Thermes. Je réalise alors que redescendre jusqu’à Ax-les-Thermes rallonge le parcours total et notamment veut dire quelques kilomètres de plus pour le col de Pailhères le lendemain. Mais à ce moment là j’ai surtout envie de me poser et de manger. Demain sera un autre jour.

L’étape du soir est à l’Hôtel Le P’tit Montagnard dont le patron est un bon cycliste qui compatit sur ma route des Corniches et me briefe sur les cols du lendemain. Une bonne douche, un bon diner (toujours demi-pension) et au dodo.

11/07 Etape 6 Ax-les-Thermes – Mosset 85km D+2461m

Même si je me suis rallongé de quelques kilomètres en descendant jusqu’à Ax, l’étape du jour est la plus courte de toute en kilomètres. Elle commence toutefois par l’un des cols les plus long et haut: le col de Pailhères. Il est plutôt régulier au commencement et comme je suis frais du début de journée son ascension n’est pas pénible et donne de belles vues sur les montagnes.

Une fois la bascule faite en haut de Pailhères je commence à chercher un point de remplissage des bidons en eau et éventuellement un coin où manger un morceau mais rien dans la descente du col ni rien ensuite dans la vallée entre Ariège et l’Aude (11) où j’entre. Les établissements sont soit inexistants soit fermés. Et je me retrouve d’ailleurs bien seul sur des routes peu fréquentées. En bas la chaleur est pesante et je suis sur la réserve en eau. Ce n’est qu’en remontant après le petit col des Moulis que le salut vient du panneau indiquant la ferme auberge Le cochon du Madres. J’y arrive vers 15h en espérant avoir au moins de l’eau et j’ai le plaisir d’avoir un super repas. Il sera bien dur de repartir pourtant il me reste à franchir le petit col de Garabeil (qui au passage est sur le parcours du fameux triathlon Altriman, je croise les marquages au sol tout neufs de la course qui aura lieu le week-end suivant) puis ensuite le col de Jau dans lequel j’aurais encore un bon coup de mou qui me fera faire une pause de quelques minutes en cours d’ascension. En haut du col je change une sixième et dernière fois de département pour entrer dans les Pyrénées Orientales (66).

Ensuite c’est une belle descente dans un paysage déjà plus méditerranéen jusqu’au village de Mosset où je n’arrive pas trop tard, aux alentours de 18h. Cette étape était un peu plus courte mais finalement pas beaucoup moins éprouvante que les autres. Je m’offre une glace à l’épicerie du village en faisant le réassort de barres énergétiques en fait remplacées ici par des figolus par manque de choix et je rejoins mon lieu d’étape en contre-bas du village à la ferme auberge Mas Lluganas. J’y suis très bien installée dans une chambre spacieuse et bien entretenue. Le soir le diner est délicieux avec une jolie vue sur le Canigou éclairé par le soleil couchant.

12/07 Etape 7 Mosset – Cerbère 134km D+1674m

Dernier jour. L’étape est un peu plus longue mais c’est la dernière. Elle commence par une belle descente de près de 20km avant d’entamer l’ascension du col de Palomère qui s’étale sur 19km mais avec des pentes plutôt douces. Je redescends un peu de l’autre côté avant d’avoir à remonter en pente encore plus douce sur le col de Xatard qui dévoile à son franchissement une première vue sur la mer méditerranée. Enfin!

A partir de là c’est descente dans la plaine. Je m’arrêterai d’ailleurs à Oms dans la descente pour déjeuner copieusement au Relais de l’Orme (belle et bonne tarte tatin maison en dessert) sachant que je repars pour digérer toujours en descente.

Dans la plaine à partir de Saint-Jean-Pla-de-Corts la route est moins rigolote pour rejoindre la côte après Argelès-sur-mer car je me retrouve sur des portions avec pas mal de trafic et/ou sans charme, dur après les beaux paysages de montagne et les routes de col en solitaire. En revanche si le trafic reste intense le paysage redevient agréable sur la Côte Vermeille en passant d’abord à Collioure, où je m’arrête prendre un Perrier citron sur le front de mer, puis à Port-Vendres et ensuite Banyuls non sans devoir m’enquiller quelques belles bosses avec parfois un vent assez fort avant de finalement atteindre Cerbère fin de ce périple Pyrénéen.

Quelle joie d’être arrivé à …arriver au bout. Je vais mettre les pieds dans l’eau avant de me poser dans mon dernier hôtel à l’Hôtel Bistrot La Dorade. La chambre est petite et défraichie (ok, franchement laide) mais mon dieu que cela ne m’ennuie plus, je suis arrivé au bout et cette euphorie emporte le reste. Je mets mon maillot de bain que je transporte depuis 800km et je vais m’offrir un bain de mer. Si la chambre ne vaut pas le détour en revanche la table de ce même établissement me permet de faire un bon diner face à la mer.

13/07 Epilogue: Trajet retour Cerbère – Bordeaux

Voilà l’aventure vélo est terminée ou presque car il faut rentrer. Je suis à deux pas de la gare de Cerbère que je rejoins le matin pour prendre le TER de 9h26 de Cerbère à Carcassonne. Avantage je suis en début de ligne et c’est le début de la journée donc j’ai une vraie place pour mon vélo et pour moi contrairement aux gens qui monteront plus tard. A Carcassone courte connexion pour prendre l’Intercité de 12h33 Carcassonne vers Bordeaux où bien sûr je n’aurai pas d’emplacement pour mon vélo malgré le supplément payé mais au moins je suis assis et mon vélo posé a peu près correctement dans un coin. De là le retour de la gare Saint-Jean jusqu’à Léognan n’est qu’une formalité.

Bilan carbone et financier de l’aventure

Côté finance

Voici la liste des coûts du séjour, je pense être exhaustif ou pas loin

  • Inscription Raid Pyrénéen Touriste sans médaille frais Paypal inclus 12€
  • TER NA L51 Bordeaux 17h20 – Hendaye Les Deux Jumeaux 19h53 19,80€
  • Campanile Hendaye 102 Route De Behobie, 64700 Hendaye 05 59 48 06 48, 154,39€ (avec diner, petit dej inclus)
  • Déjeuner le 6 Juillet Larraneta 24,20€
  • Les 3 Baudets, Maison Escoubes 64570 ISSOR 05 59 34 41 98 / 06 95 90 92 12 110,80€ (avec diner, petit dej inclus)
  • Goûter du matin à Larruns 4,55€
  • Déjeuner à L’Aubisque 19,80€
  • Hotel Tourmalet 8 rue du pont de Luz 65120 Esquièze-Sère 05 62 92 80 09, ½ pension 132,16€
  • Déjeuner Galerie Auroise à Arreau 9,90€
  • Hôtel Celeste 32 Rue Lamartine 31110 Bagnères de Luchon 05 61 94 74 84, 104,23€ (avec diner, petit dej inclus)
  • Déjeuner L’imaginherbe 17€
  • Hostellerie de la Poste Rue principale 09140 Oust 05 61 66 86 33 ½ pension 93,70€
  • Déjeuner Pizza de Peppo 12€
  • Hôtel Le P’tit Montagnard 6 place Roussel, 09110 Ax les Thermes 05 61 64 22 01, ½ pension 118,50€
  • Déjeuner Ferme Cochon du Madré 30€
  • Mas Lluganas 66500 Mosset 04 68 05 00 37, 98,72€ (avec diner, petit dej inclus)
  • Déjeuner Relais de l’Orme à Oms 25€
  • Hôtel Bistrot La Dorade, 1 Rue du Maréchal Joffre 66290 Cerbère 04 68 88 41 93, 111,60€ (avec diner, petit dej inclus)
  • TER 86972 Cerbère 9h26 – Carcassonne 11h48 22,90€
  • Casse croute retour 10,60€
  • Intercités Carcassonne 12h33 – Bordeaux 15h35 36€ + 10€ suppl vélo
  • Compter 30€ café, coca, etc…

Cela fait une logistique totale à 1207,85€ TTC pour un séjour de 8 nuitées dont:

  • 88€ pour le transport (environ 140€ en voiture par l’autoroute juste pour Leognan-Hendaye et Cerbère-Leognan et donc sans compter les 800km de montagnes si la voiture fait suiveuse et qu’il faut donc un conducteur, bref le train s’imposait)
  • hébergement demi-pension 947,40€ soit 118,43€/jour
  • restauration du midi et café/coca/pauses sucrées 172,45€ soit 21,56€/jour

Chez certains Tour Operators spécialisés vous allez trouver l’équivalent à 1650€ TTC avec les transferts mais sans les déjeuners, on trouve aussi des versions 5 nuitées demi pension en chambre partagée à partir de 730€ mais c’est sans transfert avec un parcours plus court et sans les repas du midi là aussi. Bon pour sûr je ne me suis pas privé sur les repas ceci dit je n’ai pas consommé d’alcool et je suis resté sur des standings d’hôtel plutôt raisonnable. Partager le logement et opter pour plus de sandwich est une manière de faire baisser pas mal le coût par personne je pense.

Je ne compte pas ici la révision du vélo et le renouvellement du cuissard court que j’aurai fait de toute façon même si je les ai un peu anticipés.

Côté bilan CO2

Si je décompose selon les 4 grandes activités humaines: transport/logement/alimentation/consommation produits manufacturés voici ce que je trouve comme empreinte spécifique à ce voyage (par différence à rester chez moi):

  • Transport: mes trains pour les liaisons Bordeaux-Hendaye puis Cerbère-Bordeaux j’ai un total de 2,11+4,3= 6,41 kg CO2e au lieu de 24,6+54,3=78,9kg CO2e en voiture avec un covoitureur. Je compte globalement zéro pour les 800km à vélo (c’est une approximation car il y a une part de la construction du vélo à amortir CO2e ici) cela aurait été 63 kg CO2e en voiture avec un covoitureur.
  • Logement: j’utilise l’hypothèse de nosgestesclimat qui indique une valeur moyenne de 6,93 kgCO2e/nuit donc sur 8 nuitées cela donne 55,44 kg CO2e (certes dans tous les cas je me serai logé chez moi mais une nuitée d’hôtel a un plus fort impact que dans ma maison qui existe que j’y sois ou non)
  • Alimentation: en voyage à vélo ou non j’aurai mangé de toute manière. Peut être pas autant et pour sûr pas au restaurant. Je vais reprendre l’hypothèse utilisé ici d’une différence de +4kg CO2e pour un repas pris au restaurant plutôt qu’à la maison et je vais l’appliquer à mes dîners et la moitié de mes déjeuners qui ont été plus carnés que d’habitude donc 12*4=48 kg CO2e
  • Consommation produits manufacturés: grâce au prêt du matériel spécifique rando à vélo je n’ai fais aucun achat dédié à cette aventure pyrénéenne. Là encore je ne compte pas la révision du vélo et le renouvellement du cuissard court que j’aurai fait de toute façon.
  • J’ai fait abstraction de l’impact des services publics utilisés dans ce voyage (par exemple routes) car je n’ai aucune idée de comment faire la différence avec mon empreinte carbone services publics habituelle hors vacances

En utilisant des modes de transport parmi les moins émissifs, les activités de transport sont en 3eme position alors qu’elles auraient été largement premières sinon. Le prêt de matériel diminue fortement l’impact totale de l’aventure d’au moins une ou deux dizaines de kg CO2e. Ce qui pèse le plus au final a quasi égalité c’est l’alimentation et le logement.

Une réponse à “Raid Pyrénéen Hendaye Cerbère version Touriste en 7 jours du 5 au 13 Juillet 2024”

  1. Emilie

    Super description d’un voyage qui a l’ait d’avoir été… sportif, mais sympathique! Bravo pour ce beau défi!

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